Compilation, repress, réédition, bandes-originales : retrouvez dans la sélection d’Erwann les disques vinyles à coté desquels il ne faut pas passer à coté. Et oui, vous aurez du mal à trouver ces éditions en tête de gondole…
Lee Hazlewood, 400 Miles From L.A. 1955-56 (Light In The Attic)
Cette compilation concoctée par le label Light In The Attic ressort des étagères poussiéreuses les toutes premières compositions d’un juvénile Lee Hazlewood anté-bacchantes déjà producteur, arrangeur au sein de son propre label Viv Records mais également Dj sur diverses radios locales et surtout chanteur à ses heures perdues. S’il met en avant dans les années 54/55 ses compositions destinées à d’autres artistes comme Duane Eddy, Jimmy Spellman, Jimmy Johnson et Loy Clingman, il enregistre et chante également sur ses propres créations dont certaines, encore embryonnaires, deviendront l’ossature de son tout premier album, “Trouble Is A Lonesome Town”, qui sortira en 1963 sur Mercury. A découvrir pour celles et ceux qui souhaitent approfondir ce fascinant personnage avant qu’il ne rencontre Phil Spector et surtout Nancy Sinatra.
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Miriam Makeba, Pata Pata (Strut Records)
Ecrit et composé alors que Miriam Makeba fait encore partie de sa formation vocale entièrement féminine les Skylarks en 1959, le titre “Pata Pata” éclatera au grand jour lors de son exil forcé aux Etats-Unis en 1967 avec l’album éponyme qui sortira chez Reprise, le label de Franck Sinatra. Devenu au fil des ans un classique de la musique sud-africaine, et révélant à la face du monde l’activisme de la chanteuse contre l’Apartheid et la défense des Droits de l’Homme, le titre “Pata Pata” est toutefois accompagné d’autres pépites chantées par la protégée d’Harry Belafonte : Miss Miriam Zenzi Makeba, comme le précisent les notes de l’album réédité ces jours-ci sous l’égide de Strut Records. On y découvre ou redécouvre notamment en version mono et stéréo le titre « Click Song Number One« , inspiré d’une chanson traditionnelle chantée en langue Xhosa, « West Wind » qui sera repris plus tard par Nina Simone ou encore l’envoûtant « Yetentu Tizaleny« , une magnifique cover du chanteur éthiopien Tilahun Gessesse.
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Ana Mazzotti, Ninguem Vai Me Segurar/Ana Mazzotti (Far Out Recordings)
Respectivement publiés en 1974 et 1977, “Ninguem Vai Me Segurar” et “Ana Mazzotti”, les seuls albums de la chanteuse Ana Mazzotti disparue de façon précoce à l’âge seulement de 38 ans, témoignent de la foisonnante scène brésilienne des années soixante-dix qui fusionne jazz, funk, samba et jazz. Multi-instrumentiste originaire de la ville de Caixas dans l’État du Rio Grande do Sul, Ana Mazzotti sera l’une des premières musiciennes féminines a embrassé les nouveaux canons du rock’n’roll, de la musique psychédélique puis du jazz. Elle rencontre alors tout naturellement les musiciens du trio Azymuth et enregistre, avec le pianiste Jose Roberto Bertrami, le bassiste Alex Malheiros et le percussionniste Ariovaldo Contestini, son tout premier album, “Ninguem Vai Me Segurar”, dans les studios de Estudio Haway situés à Rio. Elle récidivera trois ans plus tard avec un dernier album “Ana Mazzotti” dans lequel elle reprendra les titres du précédent Lp fastueusement réarrangés et additionnés d’un titre, Eta, Samba Bom, version samba du tube de Roberta Flack, “Feel Like Making Love”.
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Sandro Brugnolini, Superground (Four Flies)
Malicieusement baptisé “Superground” pour créer une trilogie fictive, ce Lp, publié par le label italien Four Flies, fait écho à deux autres albums de library music très recherchés du compositeur Sandro Brugnolini, “Underground” et “Overground” sortis en 1970. Même si cet album n’est pas une véritable réédition, il rassemble pour la première fois sur vinyle quatre titres composés pour accompagner le court-métrage politiquement engagé et réalisé par Pino Zac en 1969. “Sharon Tate”, “Villa Polanski”, “Hip Now” et “Under Funeral” sont directement influencés par le massacre de Charles Manson le 9 août 1969. Le point commun avec le reste des titres est LE backing band le plus utilisé dans l’orchestre de la RAI, dans l’illustration sonore et dans les musiques de films transalpins : I Marc 4 (ici sans Carlo Pes remplacé par Angelo Baroncini). Le groupe, de la même génération que Sandro Brugnolini, sauront à merveille retranscrire l’ambiance de ces deux années charnières (1968 et 1969) qui signent la fin de la récréation hippie entre psychédélisme, groove cinématique et une touche progressive annonçant les années soixante-dix italiennes désabusées.
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Yukihiro Takahashi, Saravah (WeWantSounds)
Cet album “Saravah” fait immédiatement penser à l’immense Pierre Barouh et son label Saravah qui fut une influence majeur revendiquée par le compositeur japonais Yukihiro Takahashi. Cette francophilie sera toute aussi prépondérante pour le Yellow Magic Orchestra dont il vient, en 1978, tout juste de rejoindre les deux autres membres, Ryuichi Sakamoto and Haruomi Hosono. Cet album charnière pour le compositeur, période post The Sadistics et pré-YMO, préfigure ce son japonais si caractéristiques des années 80 qui embrasse à la fois la musique romantique européenne easy listening (avec les cover de “Volare” et “C’est si bon”), la bossa nova, l’ambient, la disco et la pop synthétique. Réédité par We Want Sounds, “Saravah” est un complément essentiel pour découvrir cette foisonnante scène tokyoïte déjà exploitée par le label Light In The Attic via les compilations Pacific Breeze et Kankyo Ongaku (déja présentée dans le WaxBuyersClub blog).
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Bruno Nicolai, Défense de savoir (Transversales Disques)
C’est Bruno Nicolai, le Raymond Poulidor de la musique de films italienne, toujours derrière Ennio Morricone, et partageant avec lui une discographie toute aussi féconde mais moins sa gloire, qui fut choisi par la réalisatrice Nadine Trintignant pour son thriller politique “Défense de savoir”, sorti en 1973. Le label parisien Transversales Disques, fondé par le compositeur Jonathan Fitoussi, et déjà coupable de rééditions obscures alléchantes de Bernard Parmegiani, Gianni Marchetti, Ariel Kalma ou encore François de Roubaix, propose avec ce Lp un objet unique (édition limitée et prises alternatives) et une musique fascinante du compositeur italien, retranscrivant musicalement à la perfection les tensions du scénario élaboré par Nadine Trintignant. Le “thème de Juliette” sera sûrement reconnaissable dès les premières notes et résonnera aux fidèles abonnés du “Cinéma du dimanche soir “ sur TF1 dans les années 80 comme une Madeleine de Proust nostalgique.
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Mathématiques Modernes, Les visiteurs du soir (Ici d’ailleurs)
Avec Jacno à la production, Les Mathématiques Modernes resteront une étoile filante dans la galaxie punk pop synthétique du début des années 80. Publié en 1981 à l’époque sur une division du label de Jean Karakos, Celluloid (Dorian), “Les visiteurs du soir” sera malheureusement l’unique témoignage musical de ce duo composé de l’androgyne Edwige Belmore, alias Edwige Grüss et égérie des nuits parisiennes (et physionomiste du Palace entre autre) et de l’énigmatique Claude Arto, échappé d’Electromenagex fondé avec Jean Néplin et qui ne s’est pas remis de Kraftwerk et de Suicide. La new wave de ce duo frenchy but chic iront jusqu’à séduire les oreilles londoniennes puisque le single “Disco Rough/ A + B + C” sera élu disque de la semaine en septembre 1980 dans le magazine anglais NME. Le label français Ici d’ailleurs ressort des limbes en Lp et CD l’oeuvre de ces deux jeunes gens modernes aujourd’hui décédés et leur offre ainsi une place particulière au sein de cette scène française bouillonnante qui n’arrivait pas à choisir entre rock du passé, punk du présent et musique électronique du futur, façonnant de fait un hybride növö rock et une esthétique totalement décomplexée.
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Destination bien connue des touristes, l’île de Madagascar détient également un patrimoine musicale tout aussi riche remontant au XVe siècle. Ce secret bien gardé est désormais mis au grand jour grâce à deux Djs passionnés de la Basse Tropicale (DJ KonsöLe et DJ Natty Hô) et de Percy Yip Tong, qui ont réalisé un remarquable travail de défrichage pour le compte du label anglais Strut Records. Le résultat est cette compilation “Alefa Madagascar” qui ressuscite des perles de la pop malgache entre 1974 et 1984. L’indépendance de “l’île Rouge” en 1960 s’accompagne de la naissance d’une industrie locale du disque (via les labels Nomad et Kaiamba) portée par une population bien décidée à tourner la page du colonialisme. Cette frénésie et cette créativité musicale urbaine et moderne, influencées par les musiques traditionnelles et rituelles aura un nom, la pop gazy. Ce mélange de soul, soukous et de salegy, provenant autant du continent africain que du continent américain via les guitares électriques, l’orgue et les musiques psychédéliques, est par définition ouvert et sans oeillères. Au total, les deux Djs ont réunis 18 titres, parfois rares, qui mettent à l’honneur des musiciens comme Andosy Mora, Andeha Hanarato ou encore Los Matadores avec en toile de fond la contestation sociale de 1972.
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Giancarlo Gazzani, Seduzione Coniugale (Sonor Music Editions)
Encore une pépite italienne du passé rééditée ! L’excellent label italien Sonor republie la musique d’un obscur film “sexy all’italiana” réalisé en 1974 par Daniele Franco : “Seduzione coniugale”. L’énorme travail de recherche effectuée par les archéologues de Sonor ont permis d’ajouter dix titres inédits et entièrement restaurés aux deux morceaux déjà sortis en format 45-tours sur le label CAM. Derrière cette merveille sonore, on trouve le Giancarlo Gazzani, arrangeur, compositeur de musiques de film aguerri et pilier de la scène library italienne sur le label Costanza, notamment avec son compère Stefano Torossi (“Feelings”). Entre avant-garde proche de la formation Nuova Consonanza, thèmes bossa-nova et orchestrations morriconesques.
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Paul Baillargeon & Dean Morgan, Viens, Mon Amour (Trésor National)
Tout nouveau label basé à Montréal, Trésor National à l’ambition de rééditer les perles du patrimoine musical québécois. Et pour son entrée en matière dans le monde discographique, ses fondateurs n’ont rien trouvé de mieux que de rééditer la bande-originale du film culte “porno sirop d’érable” : “Viens Mon Amour”, composée par Paul Baillargeon et Dean Morgan en 1970. Cette B.O 100% sexploitation est tout à fait dans l’esprit des seventies moites et débridées. Ce film fait suite à l’immense succès populaires des “films de fesses” comme “Valérie” en 1968 et de “L’initiation” en 1969. “Viens mon amour”, quant à lui, fera le tour du monde (en France “Initiation d’une lycéenne” pour les amateurs) et sa musique, qui oscille entre funk, psychédélisme et groove suave, uniquement sortie dans la Belle-Province, deviendra une denrée rare. L’erreur est désormais réparée et on attend avec hâte les prochaines sorties de ce nouveau label.
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Compilation, repress, réédition, bandes-originales : retrouvez dans la sélection d’Erwann les disques vinyles à coté desquels il ne faut pas passer à coté. Et oui, vous aurez du mal à trouver ces éditions en tête de gondole…
Lee Hazlewood, 400 Miles From L.A. 1955-56 (Light In The Attic)
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Miriam Makeba, Pata Pata (Strut Records)
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Ana Mazzotti, Ninguem Vai Me Segurar/Ana Mazzotti (Far Out Recordings)
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Sandro Brugnolini, Superground (Four Flies)
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Bruno Nicolai, Défense de savoir (Transversales Disques)
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Mathématiques Modernes, Les visiteurs du soir (Ici d’ailleurs)
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Alefa Madagascar. Salegy, Soukous & Soul from the Red Island 1974-1984 (Strut Records)
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Giancarlo Gazzani, Seduzione Coniugale (Sonor Music Editions)
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Paul Baillargeon & Dean Morgan, Viens, Mon Amour (Trésor National)
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Erwann Pacaud