Les abonnés au vinyle du mois du WaxBuyersClub connaissent bien le label Requiem pour un Twister : Triptides et Vinyl Williams font partie de leur collection de disques vinyles grâce à lui.
On a donc rencontré Alex, et on lui a posé plein de questions sur le fonctionnement d’un label de musique.
Bonjour Alex, merci d’avoir accepté de répondre à notre interview. On suit vos activités depuis un petit moment chez Requiem pour un Twister et Croque Macadam et une question nous taraude : pourquoi 2 labels? et d’où viennent ces noms?
Hello Ed et les abonnés du Wax Buyers Club! Au départ Requiem Pour Un Twister était un blog (toujours en ligne requiem pour un twister): nous l’avons démarré ensemble Étienne et moi (avec la participation plus ponctuelle de copains que je salue ici) en 2007. Le nom provient d’une chanson de Gainsbourg que nous aimons beaucoup tous les deux. Par ailleurs, le mot twister pouvait évoquer tout autant la danse (que j’adore pratiquer !) que le jeu pour les enfants ce qui permettait de mettre en place une chouette identité graphique (code couleur, forme du rond etc.). En 2011, je suivais les Guillotines, l’idée de sortir un disque du groupe est arrivé comme une sorte de défi réciproque: aller en studio pour eux, sortir le disque pour moi. J’ai alors choisi un nouveau nom pour distinguer l’activité de label que je faisais seul de celle du blog qui était une aventure collective. Le choix de Croque Macadam est la jonction de plusieurs idées : l’influence de Burger Records (mon label préféré à l’époque), la volonté d’avoir un nom en français (comme le fait de revendiquer Montrouge) et enfin l’évocation de la ville. Je me suis ainsi fixé sur Croque Macadam jeu de mot autour du plat typiquement français (et équivalent hexagonal du hamburger) associé au revêtement des chaussées ! De fait un nom reste ce que l’on en fait, celui-ci a le mérite d’être original et de bien se retenir. En 2013, Étienne a, à son tour, lancé un label, il a utilisé le nom du blog d’où deux labels. Nous ne réunissions nos forces en 2014. Requiem Pour Un Twister est alors devenu le vaisseau amiral avec une dimension plus internationale (Triptides, Dead Horse One, Vinyl Williams, Halasan Bazar), tandis que Croque Macadam s’intéresse plus à la scène nationale ainsi que des propositions plus spécifiques et uniques comme des splits (Proper Ornaments / Beat Mark) ou des collaborations entre groupes (Forever Pavot et Calypso). Croque Macadam a aussi une optique plus 45 Tours que Requiem Pour Un Twister: sur les 23 références publiées à ce jour, il n’y a qu’un seul album (Pearl & The Oysters – CRM021) mais cela va changer à la rentrée avec un très beau disque de 39th and the Nortons et d’autres surprises !
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En faisant quelques recherches sur le label pour préparer cet interview, j’ai cru comprendre que l’aventure démarre en fait avec son année de naissance officielle en 2011 Peux-tu nous en dire plus sur vos débuts?
2011 est effectivement l’année de naissance de Croque Macadam et donc de notre activité label. Cette année là en plus du 45 tours des Guillotines, nous avions publié un EP des Spadassins et le premier vinyle de Triptides (que les abonnés du Wax Buyers Club avaient eu en même temps que l’album « Azur« ) ! De fait ces trois groupes ont énormément marqué le label. Triptides se porte à merveille et nous venons tout juste de publier un troisième album à leur coté (Visitors, Avril 2018) en plus des différents 45 tours… Si les Spadassins sont plutôt calmes, nous avons suivi par la suite le nouveau groupe d’un de ses membres (Antoine): Cheap Riot (un 45 tours et un album pour nous). Enfin les Guillotines existent toujours et nous travaillons en ce moment même ensemble à donner une suite à la première référence de Croque Macadam. Les débuts étaient évidemment enthousiastes, sans forcément se rendre compte de la difficulté d’écouler 500 disques. Nous étions dans l’euphorie d’avoir franchi cette barrière mentale et avions envie de sortir énormément de choses. En réalité publier un disque n’est pas si difficile, le vrai défi est de les vendre pour en faire d’autres. Les ventes étaient au départ un peu poussives et ça a calmé nos ardeurs en terme de rythme de publication. On a découvert les joies du dépôt-vente, devoir présenter des vinyles aux disquaires en espérant qu’ils le vendront ensuite. Au début je ne pensais même pas à faire de la promo radio ou à réfléchir à une date de sortie avant d’avoir reçu les disques ! Depuis je pense que nous avons trouvé un bon rythme de croisière depuis deux ou trois ans et que l’organisation mise en place par Étienne en terme de distribution permet d’envisager les choses avec une certaine confiance.
Quand on connait un peu les difficultés rencontrés par les micro-labels dans le monde, on se demande ce qui vous a poussé à vous lancer là-dedans. Passionnés ou Suicidaires les Frangins?
Il y a effectivement de nombreuses difficultés quand on monte un label ! La première et la plus importante: vendre les disques. Cela reste le nerf de la guerre : c’est l’essence dans le moteur. Le numérique et une partie de nos dj sets permettent aussi de ramener de l’argent pour financer des projets. L’idée est d’auto-financer les nouvelles sorties avec les précédentes et honnêtement depuis quelques années nous y arrivons plutôt bien. Il y a bien sûr d’autres goulets d’étranglement: l’accès aux médias par exemple. Nous avons des difficulté à avoir des retours des radios nationales publiques françaises ou de certains quotidiens nationaux et hebdomadaires généralistes. Après nous pouvons heureusement compter sur le soutien régulier de la presse spécialisée, de certains blogs ou des réseaux de radios associatives/étudiantes (un grand merci à eux).
Je pense qu’Étienne et moi avions ce fantasme de monter un label depuis bien longtemps. Dans mon cas personnel, l’envie remonte à au moins une quinzaine d’années déjà lors de mes premières années de fac… Il faut clairement être passionné pour monter un label et surtout persévérer ! Avoir envie de défendre des groupes, les faire connaître. C’est une activité que je trouve logique après celle du blog et une forme de militantisme autour de la musique indépendante.
Suicidaire je ne sais pas ? Il ne faut pas partir dans l’idée de gagner sa vie avec en tout cas et ne pas compter son temps.
D’ailleurs, si on regarde la production « physique » du label, on remarque que les sorties de RPUT et CroqueMac sont tous éditées en disque vinyle, avant tout autre support? Pourquoi ce choix qui vous limite forcément dans la diffusion de vos artistes?
Nous sommes des amateurs de vinyles et c’est le support que nous préférons donc oui le vinyle avant tout autre support. Maintenant nous faisons aussi régulièrement des cds pour les projets sur lesquels cela a un intérêt (ceux capables de toucher un public un plus large que les nerds ultimes dans notre genre). J’apprécie aussi ce format d’ailleurs: on peut les écouter dans les voitures, c’est pas très cher à faire et les délais sont tellement rapides ! Nous n’excluons pas de faire de la cassette un jour non plus mais à voir, il faudrait un disque qui s’y prête bien… Par ailleurs nous sommes distribués numériquement et donc disponibles sur les principales plateformes d’écoute comme Deezer et Spotify, enfin nous avons également un bandcamp qui permet aussi de découvrir le catalogue. Bref j’ai l’impression que la diffusion de nos artistes est plutôt bonne, en tout cas s’il y a un travail à faire il serait probablement plus sur communiquer auprès des curateurs de playlists pour qu’en plus d’être disponible, la musique soit plus écoutée encore. Sur le plan des disques vinyles, peut-être se rapprocher plus de certains disquaires français aussi.
Et toi, dans ton quotidien, tu es plus CD, Vinyle ou Streaming?
Les trois. Tout dépend du contexte. Au taff c’est surtout streaming/mp3 et dans une moindre mesure des cds. Chez moi vinyles et cds. Il y a un endroit où j’essaie de ne faire que vinyle: les dj sets. Plus une question d’organisation et d’approche que de résultat final. J’aime bien l’idée de voir physiquement les disques, je trouve important aussi de préparer une sélection et d’y réfléchir en amont d’une soirée… Le vinyle est aussi une excellente manière de découvrir la musique : je vais dans un disquaire et j’écoute plein de choses. Je trouve que les vinyles facilitent cette démarche qui est importante pour moi dans ma pratique. Après il faut reconnaître que c’est aussi plus chouette visuellement pour les gens présents et que cela peut contribuer à créer une ambiance et participer à une aventure.
Et ce qui tourne en boucle en ce moment? Tu as le droit à 2 réponses, mais pas plus d’une ne doit être chez RPUT et/ou CroqueMac. 😉
Pour le disque de chez nous: Vinyl Williams bien sûr. Il sort le 20 juillet (NDLR : Merci à toi et à Etienne pour l’exclusivité!) et nous travaillons la promotion en ce moment, notamment blog et presse écrite donc je l’écoute tous les jours au moins en partie. Je ne m’en lasse pas et je suis super fier de nous (et un grand bravo à Étienne qui a pas mal poussé le disque et a été hyper efficace à certains moments clefs).
Pour les disques chez d’autres labels, je vais tricher et en citer deux: Astronauts etc. et Rolling Blackouts CF. Les seconds sont un groupe australien indie-pop actuel dans la mouvance de Chook Race, Twerps et de références plus historiques comme Flying Nun Records ou The Go-Betweens. Le premier est un musicien de Toro Y Moi, le disque sort d’ailleurs (début août) sur son label (Company Records), je le recommande chaudement à ceux qui aiment une certaine idée de la pop entre Chris Cohen et… Vinyl Williams.
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Parlons un peu de tes artistes, et du travail du label. En quoi consiste exactement le travail d’un label? Tu as peut-être entendu parler des récentes mésaventures de Beyoncé, qui s’est retrouvé un avec un groupe de punk sur la face D de sa dernière sortie vinyle… les délais de pressage qui s’allongent « à cause » du renouveau du vinyle te rendent-ils la vie plus compliqué?
Le travail d’un label dépend des labels. Certains s’impliquent dans la production et d’autres sont d’avantage des éditeurs phonographiques. Nous nous situons dans la seconde catégorie ayant un attachement fort avec l’objet vinyle. En plus de financer entièrement le pressage, nous nous occupons systématiquement de la promotion et de la distribution (numérique et physique). Parfois nous nous occupons de la pochette ou du mastering en fonction des groupes. Nous intervenons aussi plus ponctuellement dans d’autres domaines: financer les clips, loger les groupes etc. Nous intervenons rarement sur la production (financer l’enregistrement) même si la question se pose de temps en temps. Nous n’excluons pas de le faire en fonction des projets.
Oui, l’augmentation des délais rend la vie plus compliquée. Par exemple 39th and the Nortons partait en tournée la semaine dernière et nous n’avons pas eu les disques à temps, dommage ! Le Vinyl Williams a du être retardé de plusieurs semaines pour les mêmes raisons. Nous nous adaptons et en général les dates de sorties sont fixées aussi en fonction de l’arrivée des vinyles. Il y a clairement un effet de mode qui a encombré les presses. Ce sont avant tout des rééditions de classiques faits par de grosses maisons de disques: nous ne pouvons lutter en terme de volume généré et nous passons donc après.
L’erreur sur le disque de Beyoncé n’est même pas si étonnante que ça. La pression sur les usines est telle que ce genre de choses peuvent arriver. Par ailleurs l’ensemble de la filière est sous tension: il y a quelques années il y avait par exemple eu des problèmes d’approvisionnement (et de qualité) sur les lacques. De fait la plupart des intervenant (de la personne qui fait à la gravure à l’usine de pressage) utilisent du matériel qui a souvent 30 ou 40 ans avec peu de personnes compétentes pour les entretenir. Si vous vous lancez dans l’aventure vinyle je recommande chaudement de faire des test pressings sur les premières références même si cela augmente le temps de plusieurs semaines: cela peut éviter quelques désagréments ! Après pour être tout à fait franc, il y a deux ou trois références sur lesquels nous n’en avons pas fait parce que nous étions trop juste par rapport à des tournées etc. Dès que nous avons reçu les disques, nous sommes allés les écouter en croisant les doigts, jusqu’ici heureusement il n’y a pas eu de mauvaises surprises. Pour résumer: plutôt compliqué à gérer, surtout quand on manque de visibilité sur l’arrivée des disques.
Une dernière question? Tu as combien de vinyles dans ta collection perso?
Nous avons Étienne et moi environ 10 000 disques vinyles chacun. J’ai aucune idée du nombre d’albums mais pour les 45 tours (mon vice) je me suis amusé à compter l’année dernière: 7068. Chiffre qui a augmenté depuis 🙂
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Les abonnés au vinyle du mois du WaxBuyersClub connaissent bien le label Requiem pour un Twister : Triptides et Vinyl Williams font partie de leur collection de disques vinyles grâce à lui.
On a donc rencontré Alex, et on lui a posé plein de questions sur le fonctionnement d’un label de musique.
Bonjour Alex, merci d’avoir accepté de répondre à notre interview. On suit vos activités depuis un petit moment chez Requiem pour un Twister et Croque Macadam et une question nous taraude : pourquoi 2 labels? et d’où viennent ces noms?
Hello Ed et les abonnés du Wax Buyers Club! Au départ Requiem Pour Un Twister était un blog (toujours en ligne requiem pour un twister): nous l’avons démarré ensemble Étienne et moi (avec la participation plus ponctuelle de copains que je salue ici) en 2007. Le nom provient d’une chanson de Gainsbourg que nous aimons beaucoup tous les deux. Par ailleurs, le mot twister pouvait évoquer tout autant la danse (que j’adore pratiquer !) que le jeu pour les enfants ce qui permettait de mettre en place une chouette identité graphique (code couleur, forme du rond etc.). En 2011, je suivais les Guillotines, l’idée de sortir un disque du groupe est arrivé comme une sorte de défi réciproque: aller en studio pour eux, sortir le disque pour moi. J’ai alors choisi un nouveau nom pour distinguer l’activité de label que je faisais seul de celle du blog qui était une aventure collective. Le choix de Croque Macadam est la jonction de plusieurs idées : l’influence de Burger Records (mon label préféré à l’époque), la volonté d’avoir un nom en français (comme le fait de revendiquer Montrouge) et enfin l’évocation de la ville. Je me suis ainsi fixé sur Croque Macadam jeu de mot autour du plat typiquement français (et équivalent hexagonal du hamburger) associé au revêtement des chaussées ! De fait un nom reste ce que l’on en fait, celui-ci a le mérite d’être original et de bien se retenir. En 2013, Étienne a, à son tour, lancé un label, il a utilisé le nom du blog d’où deux labels. Nous ne réunissions nos forces en 2014. Requiem Pour Un Twister est alors devenu le vaisseau amiral avec une dimension plus internationale (Triptides, Dead Horse One, Vinyl Williams, Halasan Bazar), tandis que Croque Macadam s’intéresse plus à la scène nationale ainsi que des propositions plus spécifiques et uniques comme des splits (Proper Ornaments / Beat Mark) ou des collaborations entre groupes (Forever Pavot et Calypso). Croque Macadam a aussi une optique plus 45 Tours que Requiem Pour Un Twister: sur les 23 références publiées à ce jour, il n’y a qu’un seul album (Pearl & The Oysters – CRM021) mais cela va changer à la rentrée avec un très beau disque de 39th and the Nortons et d’autres surprises !
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En faisant quelques recherches sur le label pour préparer cet interview, j’ai cru comprendre que l’aventure démarre en fait avec son année de naissance officielle en 2011 Peux-tu nous en dire plus sur vos débuts?
2011 est effectivement l’année de naissance de Croque Macadam et donc de notre activité label. Cette année là en plus du 45 tours des Guillotines, nous avions publié un EP des Spadassins et le premier vinyle de Triptides (que les abonnés du Wax Buyers Club avaient eu en même temps que l’album « Azur« ) ! De fait ces trois groupes ont énormément marqué le label. Triptides se porte à merveille et nous venons tout juste de publier un troisième album à leur coté (Visitors, Avril 2018) en plus des différents 45 tours… Si les Spadassins sont plutôt calmes, nous avons suivi par la suite le nouveau groupe d’un de ses membres (Antoine): Cheap Riot (un 45 tours et un album pour nous). Enfin les Guillotines existent toujours et nous travaillons en ce moment même ensemble à donner une suite à la première référence de Croque Macadam. Les débuts étaient évidemment enthousiastes, sans forcément se rendre compte de la difficulté d’écouler 500 disques. Nous étions dans l’euphorie d’avoir franchi cette barrière mentale et avions envie de sortir énormément de choses. En réalité publier un disque n’est pas si difficile, le vrai défi est de les vendre pour en faire d’autres. Les ventes étaient au départ un peu poussives et ça a calmé nos ardeurs en terme de rythme de publication. On a découvert les joies du dépôt-vente, devoir présenter des vinyles aux disquaires en espérant qu’ils le vendront ensuite. Au début je ne pensais même pas à faire de la promo radio ou à réfléchir à une date de sortie avant d’avoir reçu les disques ! Depuis je pense que nous avons trouvé un bon rythme de croisière depuis deux ou trois ans et que l’organisation mise en place par Étienne en terme de distribution permet d’envisager les choses avec une certaine confiance.
Quand on connait un peu les difficultés rencontrés par les micro-labels dans le monde, on se demande ce qui vous a poussé à vous lancer là-dedans. Passionnés ou Suicidaires les Frangins?
Il y a effectivement de nombreuses difficultés quand on monte un label ! La première et la plus importante: vendre les disques. Cela reste le nerf de la guerre : c’est l’essence dans le moteur. Le numérique et une partie de nos dj sets permettent aussi de ramener de l’argent pour financer des projets. L’idée est d’auto-financer les nouvelles sorties avec les précédentes et honnêtement depuis quelques années nous y arrivons plutôt bien. Il y a bien sûr d’autres goulets d’étranglement: l’accès aux médias par exemple. Nous avons des difficulté à avoir des retours des radios nationales publiques françaises ou de certains quotidiens nationaux et hebdomadaires généralistes. Après nous pouvons heureusement compter sur le soutien régulier de la presse spécialisée, de certains blogs ou des réseaux de radios associatives/étudiantes (un grand merci à eux).
Je pense qu’Étienne et moi avions ce fantasme de monter un label depuis bien longtemps. Dans mon cas personnel, l’envie remonte à au moins une quinzaine d’années déjà lors de mes premières années de fac… Il faut clairement être passionné pour monter un label et surtout persévérer ! Avoir envie de défendre des groupes, les faire connaître. C’est une activité que je trouve logique après celle du blog et une forme de militantisme autour de la musique indépendante.
Suicidaire je ne sais pas ? Il ne faut pas partir dans l’idée de gagner sa vie avec en tout cas et ne pas compter son temps.
D’ailleurs, si on regarde la production « physique » du label, on remarque que les sorties de RPUT et CroqueMac sont tous éditées en disque vinyle, avant tout autre support? Pourquoi ce choix qui vous limite forcément dans la diffusion de vos artistes?
Nous sommes des amateurs de vinyles et c’est le support que nous préférons donc oui le vinyle avant tout autre support. Maintenant nous faisons aussi régulièrement des cds pour les projets sur lesquels cela a un intérêt (ceux capables de toucher un public un plus large que les nerds ultimes dans notre genre). J’apprécie aussi ce format d’ailleurs: on peut les écouter dans les voitures, c’est pas très cher à faire et les délais sont tellement rapides ! Nous n’excluons pas de faire de la cassette un jour non plus mais à voir, il faudrait un disque qui s’y prête bien… Par ailleurs nous sommes distribués numériquement et donc disponibles sur les principales plateformes d’écoute comme Deezer et Spotify, enfin nous avons également un bandcamp qui permet aussi de découvrir le catalogue. Bref j’ai l’impression que la diffusion de nos artistes est plutôt bonne, en tout cas s’il y a un travail à faire il serait probablement plus sur communiquer auprès des curateurs de playlists pour qu’en plus d’être disponible, la musique soit plus écoutée encore. Sur le plan des disques vinyles, peut-être se rapprocher plus de certains disquaires français aussi.
Et toi, dans ton quotidien, tu es plus CD, Vinyle ou Streaming?
Les trois. Tout dépend du contexte. Au taff c’est surtout streaming/mp3 et dans une moindre mesure des cds. Chez moi vinyles et cds. Il y a un endroit où j’essaie de ne faire que vinyle: les dj sets. Plus une question d’organisation et d’approche que de résultat final. J’aime bien l’idée de voir physiquement les disques, je trouve important aussi de préparer une sélection et d’y réfléchir en amont d’une soirée… Le vinyle est aussi une excellente manière de découvrir la musique : je vais dans un disquaire et j’écoute plein de choses. Je trouve que les vinyles facilitent cette démarche qui est importante pour moi dans ma pratique. Après il faut reconnaître que c’est aussi plus chouette visuellement pour les gens présents et que cela peut contribuer à créer une ambiance et participer à une aventure.
Et ce qui tourne en boucle en ce moment? Tu as le droit à 2 réponses, mais pas plus d’une ne doit être chez RPUT et/ou CroqueMac. 😉
Pour le disque de chez nous: Vinyl Williams bien sûr. Il sort le 20 juillet (NDLR : Merci à toi et à Etienne pour l’exclusivité!) et nous travaillons la promotion en ce moment, notamment blog et presse écrite donc je l’écoute tous les jours au moins en partie. Je ne m’en lasse pas et je suis super fier de nous (et un grand bravo à Étienne qui a pas mal poussé le disque et a été hyper efficace à certains moments clefs).
Pour les disques chez d’autres labels, je vais tricher et en citer deux: Astronauts etc. et Rolling Blackouts CF. Les seconds sont un groupe australien indie-pop actuel dans la mouvance de Chook Race, Twerps et de références plus historiques comme Flying Nun Records ou The Go-Betweens. Le premier est un musicien de Toro Y Moi, le disque sort d’ailleurs (début août) sur son label (Company Records), je le recommande chaudement à ceux qui aiment une certaine idée de la pop entre Chris Cohen et… Vinyl Williams.
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Parlons un peu de tes artistes, et du travail du label. En quoi consiste exactement le travail d’un label? Tu as peut-être entendu parler des récentes mésaventures de Beyoncé, qui s’est retrouvé un avec un groupe de punk sur la face D de sa dernière sortie vinyle… les délais de pressage qui s’allongent « à cause » du renouveau du vinyle te rendent-ils la vie plus compliqué?
Le travail d’un label dépend des labels. Certains s’impliquent dans la production et d’autres sont d’avantage des éditeurs phonographiques. Nous nous situons dans la seconde catégorie ayant un attachement fort avec l’objet vinyle. En plus de financer entièrement le pressage, nous nous occupons systématiquement de la promotion et de la distribution (numérique et physique). Parfois nous nous occupons de la pochette ou du mastering en fonction des groupes. Nous intervenons aussi plus ponctuellement dans d’autres domaines: financer les clips, loger les groupes etc. Nous intervenons rarement sur la production (financer l’enregistrement) même si la question se pose de temps en temps. Nous n’excluons pas de le faire en fonction des projets.
Oui, l’augmentation des délais rend la vie plus compliquée. Par exemple 39th and the Nortons partait en tournée la semaine dernière et nous n’avons pas eu les disques à temps, dommage ! Le Vinyl Williams a du être retardé de plusieurs semaines pour les mêmes raisons. Nous nous adaptons et en général les dates de sorties sont fixées aussi en fonction de l’arrivée des vinyles. Il y a clairement un effet de mode qui a encombré les presses. Ce sont avant tout des rééditions de classiques faits par de grosses maisons de disques: nous ne pouvons lutter en terme de volume généré et nous passons donc après.
L’erreur sur le disque de Beyoncé n’est même pas si étonnante que ça. La pression sur les usines est telle que ce genre de choses peuvent arriver. Par ailleurs l’ensemble de la filière est sous tension: il y a quelques années il y avait par exemple eu des problèmes d’approvisionnement (et de qualité) sur les lacques. De fait la plupart des intervenant (de la personne qui fait à la gravure à l’usine de pressage) utilisent du matériel qui a souvent 30 ou 40 ans avec peu de personnes compétentes pour les entretenir. Si vous vous lancez dans l’aventure vinyle je recommande chaudement de faire des test pressings sur les premières références même si cela augmente le temps de plusieurs semaines: cela peut éviter quelques désagréments ! Après pour être tout à fait franc, il y a deux ou trois références sur lesquels nous n’en avons pas fait parce que nous étions trop juste par rapport à des tournées etc. Dès que nous avons reçu les disques, nous sommes allés les écouter en croisant les doigts, jusqu’ici heureusement il n’y a pas eu de mauvaises surprises. Pour résumer: plutôt compliqué à gérer, surtout quand on manque de visibilité sur l’arrivée des disques.
Une dernière question? Tu as combien de vinyles dans ta collection perso?
Nous avons Étienne et moi environ 10 000 disques vinyles chacun. J’ai aucune idée du nombre d’albums mais pour les 45 tours (mon vice) je me suis amusé à compter l’année dernière: 7068. Chiffre qui a augmenté depuis 🙂
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Project – Brosse pour Diamant
12.00€8.00€Dust & Grooves: Adventures in Record Collecting – Second Edition – Regular Edition
80.00€65.00€Sun Ra – Of Abstract Dreams – Vinyle
25.00€22.00€Nightmares on Wax – A word of science – vinyle
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23.00€21.00€Public Enemy – Fear of a Black Planet – Vinyle
23.00€21.00€TAIWAN MC – Catalina Remixes – Vinyle
11.00€9.00€Midnight Ravers – Spoek Mathambo Mawimbi Remix – Vinyle
10.00€8.00€Jazz Loves Disney 2 – A Kind of Magic – Double Vinyle
28.00€24.00€Ed